Des travaux d'envergure pour stabiliser le lit de l'Arc dans le secteur de Ferropem



Figure 1 : Localisation de la zone de travaux (source : RTM 2016)



Contexte

Depuis les années 1990, on observe un enfoncement du lit de l’Arc au droit du hameau du Bochet. Cette incision, qui s’explique essentiellement par un dépavage du lit consécutif à des prélèvements de matériaux dans le lit de l’Arc, a progressé vers l’amont au fur et à mesure des crues de l’Arc.

Lors de la crue de 2008, le seuil du Bochet a été détruit, ce qui a accéléré la propagation du front d’érosion vers l’amont, jusqu’au pont des Anglais (RD 81 a). L’incision ainsi constatée à l’issue de la crue de 2008 était de l’ordre de 3 à 4 m au droit du pont des Anglais, et menaçait directement de nombreux enjeux : hameau du Bochet, usine Ferropem, RD 81a, voie ferrée, réseaux.

Afin de stabiliser ces fronts d’érosion et de protéger les enjeux, un programme d’actions a été défini en 2016. Ce programme, dont une première phase a été réalisée en urgence en 2017, consiste en la construction de plusieurs seuils de stabilisation, et en la mise en place de protections de berges.


 


  
Figure 1 : Localisation de la zone de travaux (source : RTM 2016)          


Figure 2 : Vue sur le mur de soutènement de la RD81A, avant et après la crue de 2008 (source : SPM)

 

Un projet multipartenarial

En 2017, un seuil de stabilisation du lit a été créé dans l’Arc à l’amont de la confluence avec le Saint-Julien et le seuil du Bochet, emporté lors de la crue de 2008, a été refait. Le mur de soutènement situé sous le talus du Bochet a été repris en sous-œuvre.

Fin mai 2021 s’achevait la phase 2 du chantier, porté par le Syndicat du Pays de Maurienne (SPM) sur les communes de Montricher-Albanne et Saint-Julien-Montdenis (73).

La réalisation des travaux a été rendue possible par l’association de plusieurs partenaires du territoire :

  • Le SPM, maître d’ouvrage de ce chantier, porteur de la compétence GEMAPI depuis le 1er janvier 2019,
  • Le service Restauration des Terrains de Montagne de l’Office National des Forêts (RTM), maître d’œuvre sur ce chantier et celui de la phase 1,
  • Les communes de Montricher-Albanne et Saint-Julien-Montdenis, soucieuses de protéger les enjeux économiques et touristiques de leur territoire,
  • L’entreprise Ferropem, entreprise centenaire, productrice de silicium, pilier majeur de l’économie locale, menacée par les crues et laves torrentielles du Claret, dont la confluence avec l’Arc se situe au droit des bâtiments de l’entreprise,
  • Le Conseil Départemental de Savoie, au titre de la protection de la route départementale 81A, et notamment du pont des Anglais qui enjambe l’Arc, cette route menant à la station des Karellis,
  • Réseau de Transport d’Electricité (RTE), au titre de la protection de ses lignes haute-tension qui alimente l’ensemble de la vallée de la Maurienne, et notamment, localement, le site de Ferropem,
  • Electricité de France (EDF), étant observé que le barrage de Saint-Martin-la-Porte dont EDF est l’exploitant serait impacté à moyen terme en l’absence de stabilisation du lit de l’Arc,
  • La Société Nationale du Chemin de Fer (SNCF), au titre de la protection de la voie ferrée Saint-Jean-de-Maurienne – Modane,
  • Tunnel Euralpin Lyon-Turin (TELT), au titre de la coordination nécessaire à mettre en œuvre, le chantier du Bochet et les chantiers TELT empruntant tous deux la même voie (ancienne nationale 6),
  • La Société française du tunnel routier du Fréjus (SFTRF), qui avait planifié un chantier à proximité de celui du Bochet à la même période de l’année.

 

Un chantier en deux temps

La gestion de la compétence GEMAPI à l’échelle de la vallée de la Maurienne a permis d’associer deux chantiers prévus en 2021 : le chantier du Bochet et celui du Poucet.

En effet, les travaux de création de la ligne Lyon-Turin ont consommé une grande partie des blocs produits par les carrières mauriennaises. Le chantier du Bochet aurait eu à s’approvisionner en blocs depuis l’Ain. Afin de limiter les transports et l’impact environnemental de ce chantier, la fourniture de blocs a été imaginée depuis le chantier à mener sur le torrent du Poucet, situé à l’amont de Saint-Michel-de-Maurienne.

Ce torrent connait depuis 2013 un très grand nombre de laves torrentielles. Ces dernières ont pour conséquences d’obstruer régulièrement la confluence avec l’Arc, entrainant des risques de débordement sur la RD1006. A plusieurs reprises des travaux de terrassement ont dû être entrepris en urgence pour récréer un lit à l’Arc et dégager la confluence. Ces travaux de terrassement se sont faits sans export de matériaux. Si une partie des fines a été emportée par l’Arc, en l’absence de crues morphogènes depuis 2008, les blocs sont restés sur place. Un curage majeur était donc nécessaire : la simultanéité des projets a permis d’associer ce curage au besoin en blocs dans le secteur du Bochet, quelques kilomètres à l’aval.


Figure 4 : Curage de l'Arc au niveau de la confluence avec le Poucet (Source : SPM)
 

Figure 3 : Protections de berge réalisées au droit de Ferropem (source : SPM)
 

Un groupement au service d’un chantier technique

Le chantier a été réalisé par un groupement d’entreprises associant des entreprises locales et un acteur majeur de la construction d’infrastructures : Vinci Construction Terrassement, TP Manno, et Duverney TP. Cette association a permis de mobiliser des moyens conséquents pour la bonne réalisation des travaux dans l’Arc mais également de bénéficier d’une expertise locale, nécessaire pour les terrassements du Poucet, torrent particulièrement dangereux et imprévisible.

Un chantier complexe

Les travaux ont permis de :

  • Réaliser un nouveau seuil, à l’aval de la confluence Arc-Claret, afin de stabiliser le profil en long de l’Arc,
  • Créer un radier sous le pont des Anglais pour sécuriser l’ouvrage,
  • Elargir le lit de l’Arc dans le secteur de travaux afin de donner plus de capacité de stockage dans l’Arc en cas de laves torrentielles du Claret,
  • Créer des protections de berges en rives gauche et droite, notamment dans le but de protéger l’usine Ferropem de la montée du niveau de l’Arc au droit de ses bâtiments en cas d’obstruction partielle de la confluence Arc-Claret.

Le chantier a été mené depuis l’Arc, l’exposant aux variations de débits de ce dernier (liées aux événements pluviométriques mais également à l’ajustement des prélèvements des centrales hydroélectriques situées en amont du chantier). Les débits parfois élevés et très fluctuants d’une journée à l’autre ont engendré des difficultés de mise en œuvre des aménagements, difficultés que le groupement a su dépasser en mettant à profit son expérience


Figure 5 : Seuil de stabilisation du lit de l'Arc en cours de construction (source : SPM)


Le chantier était aussi contraint, en termes de planning, à une finalisation des ouvrages avant la chasse annuelle programmée par EDF sur l’ensemble de la chaîne hydroélectrique de l’Arc (les débits peuvent alors être supérieurs à 120 m3/s).

Bilan technique et financier

Le chantier du Bochet – phase 2, couplé à celui du Bochet, ce sont :

  • 55 000 m3 curés au Poucet,
  • Environ 20 000 m3 de blocs transférés depuis le Poucet jusqu’au Bochet pour créer le seuil et les protections de berges,
  • Un seuil et son sabot de plus de plus de 40 m de large et 50 m de long,
  • Environ 250 ml de berges protégées, de part et d’autre de l’Arc, en enrochements secs ou bétonnés.

Les travaux ont été facturés à hauteur de 822 420,25 € HT. Le projet global, incluant notamment les études annexes et la maîtrise d’œuvre, s’est soldé à 907 324,31 € HT. Il a reçu le soutien financier des partenaires suivants : 

Financeurs Financement final
Etat (via PAPI2) 362 929,73 € 
PITER (FEDER) 340 000,00 € 
CD73 7 643,24 € 
EDF 7 643,24 € 
RTE 7 643,24 € 
SPM 181 464,86 € 
TOTAL 907 324,31 € 
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